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27 octobre 2017

Laissez bronzer les cadavres

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Adapté d'un bouquin de Jean-Patrick Manchette co-écrit avec Jean-Pierre Bastid en 1971, Laissez bronzer les cadavres est un film réalisé par le couple de réalisateur Hélène Cattet et Bruno Forzani. On leur doit déjà quelques courts métrages ainsi que Amer et L'étrange couleur des larmes de ton corps, Deux films s'inspirant du giallo. Le giallo est un genre qui vient du cinéma italien des années 60 et 70, un mélange entre le polar et le film d'horreur. Il a été popularisé par des réalisateurs tels que Dario Argento ou Mario Bava. Ici le film s'inspire en partie du giallo, mais aussi du western spaghetti et laisse la part belle a des éléments venant tout droits des arts plastiques.

Dans un village abandonné vit Luce, une artiste peintre/performeuse. Et c'est justement là que décident de se planquer trois hommes venant de braquer 250 kilos d'or en lingot dans un fourgon blindé. Mais les ennuis ne sont pas loin, les flics non plus d'ailleurs !

Le film claque, le film bouge, le film est coloré, le film est rapide, le film est efficace. Cattet et Forzani entraînent le spectateur dans un rythme endiablé qui ne se calme pas avant le générique de fin. Laissez bronzer les cadavres est un long-métrage audacieux, qui mélange les genres et joue avec les codes du cinéma et ceux de l'art. Bourré de références artistiques allant de Niki de Saint Phalle pour le personnage de Luce à l'affichisme de Raymond Hains pour l'affiche du film, et au nouveau réalisme en général pour l'ambiance selon les réalisateurs eux-même ! Les références à Sergio Leone pleuvent, de par les gros plans sur les visages burinés et épuisés mais aussi et surtout avec l'utilisation des musiques d'Ennio Morricone.

Laissez crâner les bronzeurs !

Le film se transforme en un trip halluciné qui nous embarque dans son sillage (ou pas). Il devient une expérience qui, malgré le fait que l'on aime ou pas, laissera certaines images imprimées sur la rétine du spectateur. Des sons dans les oreilles aussi, car le travail sur le son et le montage sonore est assez impressionnant. Le son prend de la place, envahi l'espace et souligne l'image. Les plans s'enchaînent à toute vitesse, les changements de point de vue aussi. La fusillade devient viscérale et se transforme en une performance géante. Le tout parsemé de l'onirisme apporté par les souvenirs de Luce qui a chaque fois revisitent une méthode de torture des westerns sous l'angle de la performance et en s'inspirant aussi de la fétichisation du corps qu'il pouvait y avoir dans les années 60 et 70 dans le cinéma de genre italien. En fin de compte, ici la forme prime sur le fond, l'histoire importe peu, c'est un prétexte pour un déluge visuel et rythmique de couleur, de sang et de peinture.

Les acteurs ont tous des gueules. Entre Elina Löwesohn, Bernie Bonvoisin, Stéphane Ferrara et Marc Barbé c'est un vrai concours de tronches ! Il est également intéressant de savoir que les réalisateurs n'ont laissé quasiment aucune liberté de jeu à leurs acteurs. Ils savaient ce qu'ils voulaient dès le début et ont dirigés les acteurs dans ce sens. De plus on se perd entre les personnages, on ne sait plus qui est avec qui, on ne sait plus qui est où, la nuit tombe, tout se mélange, mais reste la violence. Toujours. Et la lumière bleu, rouge ou verte, qui vient mettre en valeur les visages fatigués des acteurs.

Quand le film se termine, après 1h30 de course, on est épuisé. On a aimé, ou non, mais on a conscience d'avoir vu un film avec une audace visuelle rare. Une véritable expérience de cinéma. Quelque chose finalement d'assez peu fréquent, même dans le cinéma de genre.

 

Laissez bronzer les cadavres de Hélène Cattet et Bruno Forzati.

Avec, Elina Löwesohn, Bernie Bonvoisin, Stéphane Ferrara, Marc Barbé, etc...

 

 

 

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